Présentation

Historique

La revue Nova et Vetera a été fondée en 1926 par l’abbé Charles Journet, professeur de théologie au Grand Séminaire de Fribourg (Suisse) et nommé cardinal par le pape Paul VI en 1965. Accompagné dans cette entreprise par des intellectuels et des artistes de grande envergure, c’est tout particulièrement en Jacques Maritain que Charles Journet trouve son collaborateur et ami le plus éminent.

Lancée sans moyens financiers et dans l’incertitude de son audience, dès le début la Revue est conçue plus comme un laboratoire d’idées et un lieu d’accueil de toutes les vérités d’où elles viennent que comme une revue spécialisée. Mû par le souci que la Revue puisse "être suivie par toute personne qui s’intéresse aux choses de l’intelligence", l’abbé Journet prête une attention toute particulière à ce que la rigueur intellectuelle s’allie toujours à l’art d’un langage accessible au plus grand nombre. Le premier numéro s’ouvre sur un éditorial signé Charles Journet qui donne sans ambages les définitions (tel est son titre) de l’entreprise. Son auteur s’exprimait en des termes dont la force n’a rien perdu de son actualité :

Nous ne travaillons pas à “revenir au passé”. […] Mais il ne nous suffit pas, non plus, qu’une chose ait rompu ses attaches profondes avec le passé pour qu’elle nous paraisse admirable. Nous n’arrivons ni avec un “christianisme nouveau” ni avec une “philosophie nouvelle”. […] Nous ne serons ni rétrogrades ni aventuriers. Ce sont là des manières d’opposer les choses nouvelles et les anciennes, qui ne nous plaisent guère et qui semblent mettre en demeure de choisir les unes et les autres. Ce dilemme, nous le rejetons. Il s’agit pour nous, à chaque moment du temps, de découvrir les fils ténus et innombrables qui doivent unir, dans un monde bien fait, le passé, le présent et l’avenir. Il s’agit d’élever nos regards assez haut pour que se découvre la hiérarchie décroissante et délicate des valeurs spirituelles, capables d’ordonner, sous le signe de Dieu et de son Christ, les manifestations les plus nobles ou les plus humbles de la vie intellectuelle et affective, artistique et morale, individuelle et corporative, nationale et internationale, qu’elles soient d’hier, d’aujourd’hui ou de demain. Lorsqu’elles sont rangées sous ces valeurs spirituelles, les tentatives, les œuvres et les institutions des hommes, même si elles ne répondent qu’à l’utilité du moment et ne satisfont qu’à un besoin passager, apparaissent comme habitées par une parcelle de la paix divine. Elles causent alors une impression d’ordre, de continuité, de stabilité. Elles sont à la fois connues et imprévues, familières et surprenantes, anciennes ET nouvelles. Dans leur transparence se jouent les rayons de la Beauté ancienne et jeune, tam antiqua et tam nova, dont s’émerveille saint Augustin (Conf., lib. X, cap. 27), et le scribe qui les explique ressemble au père de famille qui, aux jours solennels, tire de son coffre, pour la joie des siens, des parures attendues, mais toujours ravissantes, anciennes mais toujours nouvelles, NOVA ET VETERA (Mt xiii, 52). (Charles Journet, "Définitions", Nova et Vetera, vol. 1, 1/1926, p. 6-7).