Nova et Vetera, vol. 88, 4 / 2013

 Nova et Vetera, vol. 88, 4 / 2013

 

L’amour, attribut divin

X Georges Card. Cottier, OP

À travers un faisceau impressionnant d’affirmations, d’images et d’attitudes, l’Écriture nous parle de l’amour de Dieu, de sa miséricorde et de sa tendresse compatissante pour la créature humaine. Dans ces pages, l’auteur explique que ce langage littéraire et poétique ne vise pas seulement à émouvoir le cœur de l’homme et à le solliciter à la conversion, mais, bien davantage, il entend parler vraiment de Dieu lui-même. Pour le montrer, l’auteur esquisse la manière dont, à partir de la valeur analogique de l’amour humain, nos mots peuvent parvenir à signifier, non sans une profonde purification, le mode divin de l’amour qui est celui d’une plénitude et d’une surabondance d’Amour ultimement indicible. 

 

Nostra Aetate : une lecture ecclésiologique

Bertrand Lesoing

Une lecture ecclésiologique de Nostra Aetate semble aller à rebours des travaux les plus récents sur le concile Vatican II. Néanmoins l’histoire de la déclaration ainsi que son contenu autorisent le rapprochement avec la constitution Lumen Gentium. Les deux documents s’inscrivent dans la même perspective sotériologique, une perspective clairement assumée dans la constitution sur l’Église, seulement esquissée dans la déclaration sur les relations avec les religions non chrétiennes. Dans ce cadre commun, Nostra Aetate marque le passage d’une considération essentiellement individuelle des autres croyants à une considération des autres religions en tant que telles. Se trouve ainsi posée la question d’une éventuelle valeur ecclésiale et donc d’un rôle positif de ces religions dans l’ordre du salut. Les textes du concile n’apportent pas de réponse explicite à cette question, mais la lecture de Nostra Aetate à la lumière de Lumen Gentium permet d’envisager a priori une certaine ecclésialité, très analogique, très dégradée, des diverses traditions religieuses non chrétiennes.

 

Le noyau de la nouvelle évangélisation

Perry J. Cahall

L’expression « nouvelle évangélisation » est de plus en plus fréquente dans le langage catholique populaire. Pourtant, la réalité qu’elle décrit demeure souvent floue. Pour remédier à cela, P.J. Cahall propose, dans la première partie de son article, un descriptif détaillé de la nouvelle évangélisation telle que l’a présentée le Magistère. Cette « synthèse de l’enseignement donné par l’autorité de l’Église sur “la nouvelle évangélisation” » en présente plusieurs aspects : son origine, ses agents, ses objectifs, son contexte ainsi que ses méthodes fondamentales. Dans un deuxième temps, et toujours à partir de documents magistériels, l’auteur montre en quoi « [l]a famille est au centre même de tous les aspects de la nouvelle évangélisation ». Son statut de « cellule originelle de la société », son double rôle de destinataire et d’agent de l’évangélisation ainsi que le témoignage d’amour qu’elle rend font de la famille le « noyau de la nouvelle évangélisation ». En soulignant les exigences que cela implique – de la part de la famille et en sa faveur –, P.J. Cahall offre un riche programme pour que la famille soit toujours davantage « le nœud vital » et « la route » de la nouvelle évangélisation.

 

Le mystère du Beau. La beauté en philosophie et ses implications dans le monde de l’art

Pierre Pistoletti

Durant des siècles, la beauté ne cessa de modeler le travail de l’artiste. Aujourd’hui, alors que de nombreux instituts continuent de se réclamer des « Beaux-Arts », il semble que la création artistique s’éloigne toujours davantage de cette notion. L’art contemporain la conçoit comme un critère secondaire voire anachronique. Or la compréhension de la beauté influence directement le monde de l’art. Afin d’étayer cette thèse, l’auteur a essayé de montrer le « trajet » de la beauté qui, progressivement, quitta le séjour de la transcendance pour s’enclore dans la subjectivité humaine. Pour saisir ce mouvement, qui permet de jeter un regard plus profond sur l’état actuel du monde de l’art, Pistoletti a abordé la compréhension qu’avait Platon de la beauté, puis celle des Modernes. Dans un troisième temps, il a approché celle de saint Thomas d’Aquin qui, à ses yeux, se situe dans un juste équilibre. En s’appuyant sur cette dernière conception, l’auteur a esquissé, en conclusion, une piste de réflexion où la consistance ontologique de la beauté appelle la subjectivité humaine.

 

L’expérimentalisme de Robert Boyle (I)

Michel Siggen

Robert Boyle considère la nature comme un livre écrit par Dieu, un livre que l’homme peut interpréter grâce aux témoignages que lui fournissent l’expérience sensible et la Révélation. Dans cette interprétation, le travail de la raison est limité car il y a des choses « confidentielles » qui dépassent les capacités de la raison humaine, par exemple : la nature de l’espace et du temps, la cohésion des êtres naturels, ou la façon dont l’âme est capable de mouvoir le corps humain. C’est pourquoi, dans la connaissance de la nature, la raison doit se contenter de jouer le rôle d’un juge impartial qui se prononce grâce aux témoignages apportés par les observations et les expériences provoquées. Mais c’est uniquement l’autorité de l’expérience qui doit entraîner le jugement final de la raison. 

 


  

Notes et Lectures 

Quelle attitude face à l'horreur : résistant ou bourreau ?

Sylvain Guéna

L’ouvrage de Pierre Bayard, Aurais-je été résistant ou bourreau ?, publié aux Éditions de Minuit en 2013, a le grand mérite de poser la terrible question de notre attitude possible face à une situation d’horreur et d’essayer d’apporter quelques éléments de réponse. Faisant appel à la psychanalyse, mais aussi à l’histoire, à la philosophie, l’auteur s’appuie sur de douloureux événements contemporains – la shoah par balles, les champs de la mort du Cambodge des Khmers rouges, le génocide rwandais – et sur des attitudes emblématiques, comme celles des Justes parmi les nations ; pour réfléchir à ce qu’aurait pu être sa propre attitude, en écho à celle de son père. Un autre mérite de ce livre, et non des moindres, est d’ouvrir la réflexion à une interrogation profondément spirituelle, malgré l’agnosticisme de l’auteur. 

Bibliographie

Matteo Ricci, Le sens réel de "Seigneur du Ciel" ‑ H. Pasqua (éd.), Nicolas de Cuse et l’islam ‑ Michel Istas s.j., Maître, que dois-je faire ? ‑ Jean XXII et le Midi (Cahiers de Fanjeaux 45) ‑ C. König-Pralong, O. Ribordy, T. Suarez-Nani (éd.), Pierre de Jean Olivi, philosophe et théologien.