Nova et Vetera, vol. 97,4 / 2022

Nova et Vetera, n. 97, 4 / 2022

 

Subsistence absolue et trinitarisme invasif

Serge-Thomas Bonino, OP

L’Essence divine est subsistante : elle est son propre sujet d’existence et c’est cette Essence subsistante que sont les Personnes divines comme relations subsistantes. La doctrine de la subsistence absolue, c’est-à-dire abstraction faite de la distinction des Personnes, permet de fonder la légitimité d’une pluralité diversifiée de discours sur Dieu, philosophiques et religieux. Tout en mettant en valeur la lumière unique que le mystère trinitaire jette sur les profondeurs de la réalité, le frère Gilles Emery OP a su maintenir une relation équilibrée entre les différents types de discours sur Dieu, sans projeter de façon immédiate les thèmes trinitaires sur les structures métaphysiques du réel.

 

Les missions trinitaires dans la théologie de la Révélation de Thomas d’Aquin : une relecture après Jean-Luc Marion

Bernhard Blankenhorn, OP

Depuis 20 ans, le philosophe Jean-Luc Marion élabore une théologie de la Révélation d’un point de vue phénoménologique, afin de trouver une alternative à une approche scolastique à la manifestation de Dieu. Cette étude montre comment les piliers d’une approche thomiste de la Révélation répondent aux soucis de Marion et restent ouverts aux contributions des philosophies contemporaines de la religion. Cet article s’appuie notamment sur les résultats des recherches trinitaires menées par le frère Gilles Emery OP.

 

« Dieu est Amour » : H. U. von Balthasar et saint Thomas sur la Trinité

Michele M. Schumacher

Dans un effort de développer théologiquement l’enseignement chrétien le plus fondamental, à savoir que « Dieu est amour » (1 Jean 4, 8.16), cet article relève les points de force et de faiblesse de la doctrine trinitaire de Hans Urs von Balthasar à la lumière de sa lecture comparative et critique avec celle de saint Thomas d’Aquin. Ce faisant, l’article souligne également l’importance de préserver les aspects personnaliste et essentialiste de la doctrine trinitaire.

 

Portée heuristique du mystère du Verbe incarné

Michel Mahé

Le mystère de Dieu est au cœur du savoir métaphysique, qu’il englobe, dépasse et auquel il donne sa véritable signification. La Révélation enseigne des vérités sur le mystère de Dieu, dont certaines sont inaccessibles à la raison laissée à elle seule. La Révélation de celles-là peut toutefois guider la poursuite de la recherche métaphysique. La raison, qui consentirait à cet éclairage, pourrait envisager, non pas de progresser dans la connaissance naturelle du mystère surnaturel de Dieu, mais dans ses connaissances de théologie naturelle et, à la lumière de la mission du Verbe incarné, d'anthropologie.

 

Philosophies grecques et mystère de l’Église

Simon Liot de Nortbécourt

Pour approfondir le mystère de l’Église une, la théologie a fait appel, en particulier, aux philosophies politiques grecques. Cité céleste, l’Église présente la caractéristique d’une société dont l’unité se situe entre l’unité morale et l’unité physique : elle est le Corps mystique du Christ. En revenant à la définition réelle de l’Église, la réflexion se propose d’apprécier dans quelle mesure la vision platonicienne de la cité idéale, par participation au Bien-Un, ou celle aristotélicienne de la cité fondée sur l’amitié politique, ont été reçues pour mieux rendre compte de la complexité de l’être ecclésial.

 

Du catéchisme aux neurosciences et retour, accompagné par saint Thomas d’Aquin

Armand Savioz

Nous montrons dans cet article comment la philosophie de Saint Thomas d’Aquin permet de comprendre trois changements paradigmatiques contemporains majeurs en biologie et neurosciences. Cela est possible du fait qu’elle propose une démarche qui distingue explications scientifiques et philosophiques tout en les maintenant ensemble dans une compréhension unifiée. Un enfant apprend les fondements de cette démarche non-réductrice et ouverte en étudiant le catéchisme de l’Église catholique.

 


 

NOTES ET LECTURES

L’humain, image de Dieu

Christine Gautier, OP

L’ouvrage de Christof Betschart paru en janvier 2022 et intitulé L’humain, image filiale de Dieu, Une anthropologie théologique en dialogue avec l’exégèse, fait converser l’exégèse et la théologie pour approfondir le thème de l’image de Dieu. L’auteur dépasse l’opposition entre les interprétations fonctionnelle et ontologique grâce à l’interprétation filiale de l’image, en lien entre autres avec les trois principaux textes de l’Écriture sur l’image : Gn 5,1-3 ; Col 1, 15 ; Rm 8, 29. La recherche, dans la ligne du Concile Vatican II et notamment de l’anthropologie de Gaudium et Spes, progresse au long de huit chapitres qui, après la Bible, avancent vers une théologie systématique en se référant au magistère (Vatican II et des textes de la CTI) et à des théologiens contemporains tels que Barth, Balthasar, Rahner, Pannenberg, Lubac, Stein… Ces apports permettent à l’auteur de proposer sa thèse sur l’image filiale en lien avec la christologie, mais aussi en intégrant les dimensions de la réalisation de l’image ecclésiale, trinitaire, pneumatique et eschatologique.

 

Bibliographie

Dominique MILLET-GÉRARD, Le Verbe et la Voix. Vingt-cinq études en hommage à Paul Claudel – Joris-Karl HUYSMANS, Œuvres complètes. Tome VII. 1901-1902 – Jean-Noël ALETTI, L’Évangile selon saint Luc, Commentaire – André WÉNIN, Le Livre des Juges.