Nova et Vetera, vol. 96, 2 / 2021

Nova et Vetera, n. 96, 2 / 2021

 

L’Église face à Israël d’après saint Jean-Paul II

Jean Stern, MS

Le 17 novembre 1980 à Mayence en Allemagne saint Jean-Paul II a qualifié les Juifs de peuple de Dieu d’une Alliance « qui n’a jamais été dénoncée par Dieu ». De toute évidence une formule comme celle-ci ne suffit pas pour exprimer la réalité d’une manière suffisamment adaptée. Jean-Paul II a heureusement mis en route une réflexion sur les rapports entre Église et Israël. Elles aboutiront à ce qui dans l’Exhortation apostolique Ecclesia in Europa (2003) concerne le judaïsme. Jean-Paul II qualifie alors le dialogue avec le judaïsme comme étant « d’une importance fondamentale pour la conscience chrétienne de soi et pour le dépassement des divisions entre les Églises ». Il précise pourquoi cette Alliance demeure irrévocable : elle reste irrévocable « ayant atteint sa plénitude définitive dans le Christ ». C’est un fait d’expérience qu’une présence juive agit positivement dans les dialogues entre chrétiens encore séparés. Elle aide les chrétiens à se mettre en cause eux-mêmes, elle les protège contre la tentation de réduire le christianisme à une idéologie.

 

La famille Église domestique : de l’importance de ce thème en période de confinement

Benoît-Dominique de La Soujeole, OP

Les périodes successives de confinement dues à l’épidémie de virus ont entraîné une difficulté plus grande de pouvoir participer, tout particulièrement à la Messe dominicale. Beaucoup de familles ont eu alors l’impression d’entrer dans un désert spirituel. Cette impression aurait dû être évitée si l’on avait eu plus présent à l’esprit que les familles, fondées sur le sacrement du mariage des parents et le sacrement du baptême de tous les membres, constituent une véritable cellule d’Église, ou “Église domestique” et qu’en elles, par la Parole de Dieu, la prière et les bénédictions, le Corps ecclésial du Christ est vraiment présent. Ici comme pour bien d’autres choses, il ne faut pas raisonner par “tout ou rien”, mais en prenant en compte qu’une perfection peut se trouver présente malgré des difficultés passagères.

 

Écologie humaine et procréation

Michele M. Schumacher

Malgré le grand enthousiasme suscité par l’encyclique Laudato Si' du pape François et son défi de respecter la terre en tant que créée par Dieu, peu de choses ont été dites sur le défi qu’il a repris de ses récents prédécesseurs en faveur d’« une écologie de l’homme ». Car « l’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté », souligne le pape Benoit XVI. Si, de fait, la nature est déterminante quant à la morale – les anciens ont parlé des « semences de vertus » dans la nature en tant qu’inclinée vers sa perfection – c’est parce que le Créateur est à l’œuvre dans ses créatures en les amenant à leur plénitude à travers leur propre causalité. Le défi pour la liberté humaine est donc de pouvoir discerner les intentions créatrices de Dieu dans la nature humaine en vue de coopérer avec Dieu dans l’œuvre de notre propre perfection par nos actes libres. Ceci vaut également pour l’acte par lequel l’homme et la femme coopèrent avec le Créateur dans la transmission de la vie humaine. C’est la raison pour laquelle les papes récents nous interpellent à gouverner ces actes unitifs et procréatifs non pas par la technologie, notamment les technologies contraceptives – qui cherchent à manipuler la nature, avec ses inclinations et finalités propres, en vue de buts humains – mais par une éthique de la vertu qui cherche à diriger ces actes selon les intentions du Créateur inscrites dans la nature humaine elle-même. En fin de compte, la parenté responsable implique le choix d’accorder nos volontés à la volonté créatrice de Dieu pour pouvoir agir en conséquence.

 

Siméon, nouveau stylite

Claire Daudin

Un citadin dépressif décide de sortir de chez lui pour s’installer sur le socle d’une statue dans un jardin public. Imitant les stylites d’Orient, il défie ses contemporains par cette posture insolite, en rupture radicale avec leur mode de vie.
Extrait de Vers le haut, cinq histoires ascensionnelles, de Claire Daudin (Salvator, mai 2021).

 

Economie, société et écologie : entre tension et harmonie

Paul H. Dembinski

 


 

NOTES ET LECTURES

 

Le sens chrétien de la souffrance

Serge-Thomas Bonino, OP

 

Une éducation intégrale pour un humanisme intégral

Bernard Hubert

Le livre de François Moog, Éducation intégrale. Les ressources éducatives du christianisme (Paris, Éditions Salvator, 2020), propose en quatre chapitres denses et claires une réflexion approfondie pour répondre aux défis que l’école catholique en France doit relever aujourd’hui : proposer une éducation intégrale, authentiquement humaine et chrétienne, en puisant dans les ressources de la philosophie personnaliste (Maritain, Mounier…), et des enseignements du Magistère romain (Gravissimum educationnis, L’École catholique) ; mais aussi en puisant dans les ressources de l’anthropologie chrétienne qui fonde et articule le lien entre culture, foi et vie dont l’école catholique comme institution doit se nourrir pour répondre à son projet d’éducation intégrale de la personne humaine.
François Moog, professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris et ancien doyen de sa Faculté d’éducation, approche ces questions de manière rigoureuse et didactique.

 

Bibliographie

Augustin Laffay, Aux origines de Caritas Christi (1936-1944). Juliette Molland, le père Joseph-Marie Perrin et la fondation des Petites sœurs de sainte Catherine de Sienne – Jean-Louis Poirier, L’Antiquité en détresse, catastrophes et épidémies dans le monde gréco-romain – François de Lannoy, Pestes et épidémies au Moyen Âge (VIe-XVe siècles) – Benoît Rivière (Mgr), Autun (La grâce d’une cathédrale) – Erwan Chauty, Qui aura sa vie comme butin ? Échos narratifs et révélation dans la lecture des oracles personnels de Jérémie – Caroline Casseville, Jean Touzot, Dictionnaire François Mauriac.