Nova et Vetera, vol. 96, 1 / 2021

Nova et Vetera, n. 96, 1 / 2021

 

Coronavirus et théologies de la Providence

Serge-Thomas Bonino OP

Cette étude s’intéresse à ce que les réactions à la crise sanitaire du coronavirus révèlent des tendances lourdes des théologies contemporaines de la Providence. La tendance à limiter l’action de la Providence au seul domaine de la subjectivité humaine ou encore le malaise face à toute interprétation des événements biophysiques en termes d’intentionnalité (de peine du péché, par exemple) sont révélateurs d’une tentation "gnostique", d’une difficulté à confesser l’ampleur cosmique, universelle, de la Seigneurie divine et par conséquent l’intégralité du salut chrétien. On suggère que la théologie thomasienne de Providence, avec sa forte structuration métaphysique, permet de dépasser cette tentation. 

 

Le Saint-Esprit comme "Don" chez saint Thomas d’Aquin

Gilles Emery OP

Le Saint-Esprit est le Don en personne, "le Don du Dieu Très-Haut". Après un bref rappel de la recherche de saint Augustin, l’article expose trois aspects de la pensée de saint Thomas d’Aquin sur le Saint-Esprit comme Don : "Don" vérifie bien les critères pour être le nom propre d’une personne divine ; c’est un nom personnel propre du Saint-Esprit exclusivement ; et à la suite de saint Augustin, saint Thomas associe étroitement le "Don" à la communion trinitaire.

 

Amours et bonheurs. Enjeux de la thèse du désir heureux dans la philosophie moderne

Michel Ferrandi

La philosophie moderne a le mérite d’aborder la difficile et importante question de la fécondité de l’amour. Mais elle le fait en mettant le désir sens dessus dessous. Le bonheur est confondu avec le désir lui-même (Rousseau), ou bien il s’agit de renoncer au désir (Schopenhauer), ou bien encore la béatitude est au service du désir qui se confond avec la puissance (Spinoza), ou enfin le grand désir consiste à se donner à soi-même la plus haute fécondité spirituelle (Nietzsche). Ces philosophies se nourrissent d’une erreur commune qui consiste à ne pas distinguer l’amour de convoitise et l’amour d’amitié et, partant, à éliminer l’amour de charité et la béatitude au sens de contemplation de l’essence divine. C’est au contraire à travers ces trois pôles – la distinction entre l’amour de convoitise et l’amour d’amitié, la charité et la béatitude – que l’on peut comprendre l’ordre qui régit le rapport entre le désir et le bonheur et que l’on peut concevoir en quoi consiste une authentique fécondité de l’amour.

 

Le chrétien entre esprit d’enfance et maturité d’adulte

Jean-Thomas de Beauregard OP

L’esprit d’enfance prêché par Jésus dans l’Évangile peut aisément être incompris. La critique corrosive des maîtres du soupçon à l’égard de la foi chrétienne accusée d’infantilisme, et la naïveté de la réception par beaucoup de chrétiens de cet enseignement du Christ sur l’esprit d’enfance obligent à préciser les choses. Au travers d’un parcours biblique et avec l’appui des écrits de Thérèse de Lisieux et de Bernanos, cet article vise à écarter les fausses conceptions de l’esprit d’enfance et à mieux cerner les contours de ce que serait un véritable esprit d’enfance à l’école du Christ. L’article entend montrer comment la sainteté chrétienne concilie harmonieusement esprit d’enfance et maturité d’adulte, conjuguant les vertus de l’un et de l’autre, et s’achève dans la filialité parfaite à l’égard du Père dont le Fils unique est pour nous le modèle éminent.

 

La conception de l’art chez Charles Journet

Jean-Marc Andenmatten

Vouloir rédiger une thèse de doctorat sur la conception de l’art chez Charles Journet pourrait surprendre plus d’un connaisseur du grand théologien suisse. Cependant, les personnes qui ont vraiment été proches de l’Abbé n’auraient certainement aucune difficulté à concevoir une telle étude. Celle-ci serait même, à bien des égards, sollicitée et encouragée, tant il est vrai que le prêtre suisse a toujours cherché à dialoguer avec les courants artistiques de son temps, en particulier avec l’art moderne. Comment faut-il dès lors comprendre que le cardinal Journet, lui, le grand défenseur des valeurs traditionnelles de la foi catholique, se soit avancé dans une conception de l’art résolument ouverte à la modernité ? Y a-t-il contradiction entre sa pensée théologique, sa vie et sa conception de l’art ?

 

D’une épidémie à une autre : la contagion de pratiques déficientes en liturgie

Benoît-Dominique de La Soujeole OP

Les circonstances exceptionnelles liées à l’épidémie actuelle ont touché la vie liturgique des fidèles qui, souvent, ont été privés de l’Eucharistie. Du côté des ministres, il a fallu adapter bien des choses. Comme la liturgie est l’expression majeure de la foi, tant reçue que confessée, elle a demandé des adaptations, ce qui se comprend bien. Mais faute de compétence ou de discipline, on a pu observer certaines pratiques qui altéraient à divers degrés l’authenticité de la célébration. Cet article est une mise au point à partir des fondements dogmatiques de l’Eucharistie.

 


 

NOTES ET LECTURES

Bibliographie

Frans de Haes (éd.), Le rouleau d’Ézéchiel – Cécile Gazier, Histoire du monastère de Port-Royal – Philippe Heuzé (éd.), Anthologie bilingue de la poésie latine – Gérard Ferreyrolles, De Pascal à Bossuet, La littérature entre théologie et anthropologie – Chiara Frugoni, François, Le message caché dans les fresques d’Assise – Bernard Meehan, Le Livre de Kells – Christos Nüssli, Atlas historique des pays romands.